lundi 28 juillet 2014

Solidarité avec les chrétiens d’Irak

Communiqué LDH
Paris, le 28 juillet 2014

Le sort réservé aux chrétiens d’Irak appelle notre totale solidarité car il constitue une violation d’un des droits essentiels de l’Homme : la liberté de conscience. S’en prendre à des individus au seul motif de leur foi n’est pas seulement une manifestation d’obscurantisme imbécile, mais aussi un déni évident du droit de chacun de pratiquer une foi ou de n’en pratiquer aucune. Notre attachement à la liberté de conscience, dont nous n’oublions pas qu’elle n’a été admise qu’au cours du XXe par les autorités religieuses chrétiennes, n’est pas simplement une pétition de principe. Elle est aussi l’expression de notre certitude qu’en l’absence de liberté de conscience, il ne peut y avoir de liberté d’aucune manière qu’elle soit.
Devant une violation aussi évidente du droit international, nous appelons la communauté internationale à garantir le droit de chacun de pratiquer la foi de son choix, ou de n’en pratiquer aucune, ou d’en changer. Nous appelons tous les gouvernements concernés à adopter des législations qui prohibent absolument toute discrimination, quelle qu’elle soit.
La LDH souhaite, enfin, que chacun puisse se retrouver autour des principes fixés par la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Les droits de l’Homme valent aussi bien en Irak qu’en France, ou partout ailleurs dans le monde. Ce serait affaiblir leur portée et donner raison à ceux qui les bafouent que de les instrumentaliser au profit d’une cause ou d’une autre.
C’est pourquoi elle engage des démarches pour favoriser l’expression la plus large de la solidarité nécessaire, et répondra positivement à toute démarche unitaire reposant sur ces principes.

Unité pour les droits en Palestine, unité contre l’antisémitisme

Communiqué LDH
Paris, le 28 juillet 2014

Une fois encore, l’interdiction d’une manifestation de solidarité avec Gaza a favorisé les conditions de la violence ; une fois encore, des groupes de casseurs ont su profiter de cette interdiction pour surfer sur la tension, provoquer des violences, violences ponctuées de slogans, gestes et chants au caractère nettement antisémite.
La Ligue des droits de l’Homme, qui a condamné les interdits de manifester aussi bien que les manifestations d’antisémitisme, met solennellement en garde ; on entend d’évidence substituer une sorte de jeu de rôles aux expressions fortes et responsables de la solidarité et de la paix. La LDH rappelle que partout où les manifestations ont été autorisées, elles se sont déroulées dans le calme. Elle invite à la vigilance toutes celles et ceux qui veulent crier leur colère face à l’agression israélienne et leur solidarité avec les victimes, toutes celles et tous ceux qui veulent manifester leur désir de justice pour le peuple palestinien. Elle les appelle à refuser toute instrumentalisation par des groupes provocateurs et haineux, entretenant des relations plus ou moins troubles avec des leaders d’extrême droite.
Plus que jamais, la justice et la paix ont besoin d’une expression unitaire et forte. Plus que jamais, il nous faut rester fermes et rassemblés sur les demandes d’urgence et d’avenir qui fondent notre solidarité : cessez-le-feu, levée du blocus, reprise de pourparlers et de négociations pour la création d’un État palestinien. La LDH appelle à poursuivre et à amplifier tout ce qui permettra de favoriser la libre expression des voix et des énergies autour de ces objectifs. Elle rejette et condamne toute manifestation d’antisémitisme, toutes expressions et forces qui travaillent à délégitimer la cause de la paix et à isoler le peuple palestinien.

lundi 21 juillet 2014

Gaza croule sous les bombes, Israël s’enferre dans la répression, les interdictions de manifester du gouvernement français attisent les tensions

Communiqué LDH
Paris, 21 juillet 2014


La Ligue des droits de l’Homme réaffirme son rejet absolu de toute forme de racisme et d’antisémitisme. Elle appelle tous ceux et toutes celles qui sont attachés à ces principes fondateurs de la République à ne rien tolérer en ce domaine. Elle exprime en même temps son attachement déterminé à la liberté d’expression et de manifestation. Il revient aux pouvoirs publics de faire respecter le droit de chacun à exprimer ses opinions pacifiquement, et dans le cadre des lois de la République. La paix civile, comme le libre débat démocratique, ne seront préservés que si les pouvoirs publics ont une attitude claire et impartiale.
Les actes antisémites commis à Sarcelles autour d’une manifestation interdite ne servent en rien la cause palestinienne et sont, en tout état de cause, inexcusables ; ils appellent enquêtes et sanctions. Rien, en revanche, ne justifie qu’ils puissent servir à l’interdiction de « toutes les manifestations présentant un risque » comme des voix, déjà, le réclament… Sous couvert de ne pas attiser un affrontement communautaire, le gouvernement est en train d’en créer toutes les conditions, en faisant vivre un « deux poids, deux mesures » injustifié et dangereux.
Cette dynamique perverse est le fruit de trois contre-vérités alimentées par la parole gouvernementale :
- il n’est pas vrai que celles et ceux qui entendent manifester leur douleur, leur inquiétude et leur solidarité se « laisseraient entraîner par des querelles qui sont trop loin d’ici pour être importées ». D’abord parce que ramener l’offensive sur Gaza à une « querelle », c’est déjà et presque prendre le parti de l’agresseur, en évacuant sa dimension aussi illégale que tragique. Ensuite parce que la solidarité, l’humanité et les droits de l’Homme ne sont pas une affaire de kilométrage, et que prétendre l’ignorer revient à dire aux Françaises et Français à quoi ils devraient être sensibles et à quoi ils ne le devraient pas ;
- il n’est pas vrai que critiquer Israël et son offensive miliaire contre la population de Gaza soit manifester quelque antisémitisme que ce soit. Il est donc honteux que le Premier ministre ait instrumentalisé la commémoration du 72e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv pour stigmatiser, en les qualifiant de « nouvel antisémitisme », celles et ceux qui exigent que cesse le massacre à Gaza. Les responsabilités d’un Etat ne sont en aucune façon celles de personnes ou de communautés ; cela vaut aussi pour l’Etat d’Israël ;
- il n’est pas vrai, enfin, que les débordements et incidents survenus à Paris autour de la manifestation de solidarité avec la population de Gaza justifient a posteriori son interdiction. Le prétendre, c’est délibérément confondre la cause et les conséquences. La décision d’interdire, prise au plus haut degré de l’Etat a, au contraire, enclenché une dynamique de colère, avivée un sentiment d’injustice flagrante et fait le jeu de toutes les provocations. La preuve c’est que partout où elles ont été autorisées, en France comme ailleurs, ces manifestations se sont déroulées de façon pacifique.
Au moment où tout indique que le gouvernement israélien entend poursuivre son offensive militaire sans tenir aucunement compte des lois et conventions internationales protégeant les vies civiles, il est plus que légitime de soutenir les actions pour un cessez-le-feu et pour la paix. C’est pourquoi la Ligue des droits de l’Homme appelle à manifester pacifiquement le mercredi 23 juillet, à Paris, à partir de 18h30, de Denfert-Rochereau aux Invalides.