Un hiver au cœur d’un hébergement d’urgence pour sans-abris à
Lausanne. A la porte de ce souterrain méconnu se déroule chaque soir le
même rituel d’entrée qui donne lieu à des bousculades parfois violentes.
Le personnel a la lourde tâche de « trier les pauvres » : femmes et
enfants d’abord, hommes ensuite –de tous horizons, et de plus en plus
d’Europe… Alors que la capacité totale de l’abri est de 100 places,
seuls 50 « élus » seront admis à l’intérieur et auront droit à un repas
chaud et à un lit. Les autres savent que la nuit va être longue.
En France, on dénombre en 2013 au moins 141 500 sans-abri, dont
30.000 enfants début 2012, tandis que deux sans-domicile-fixe sur cinq
sont des femmes. Un quart des sans-domicile ont un emploi.
La Fédération Nationale des associations d’Accueil et de Réinsertion
Sociale (FNARS) et le SAMU Social de Paris, qui gère notamment le 115,
numéro d’appel d’urgence, révèlent qu’au mois de novembre 2014, sur les
17 200 personnes qui ont sollicité le 115 pour un hébergement sur les 37
départements étudiés par la FNARS, 9 000 n’ont obtenu aucune prise en
charge. Ils n’étaient que 4 300 dans cette situation en novembre 2013
sur les mêmes territoires, soit un doublement en un an du nombre de
personnes ayant appelé le 115 sans obtenir de solution.
L’Union Européenne compte, elle, 4,1 millions de sans-abri quand plus de 11 millions de logements sont vacants, selon une enquête du Guardian. A partir de l’exemple helvétique, L’ABRI révèle un mal-être universel qui touche toute l’Europe, tant au niveau de la capacité d’hébergement des sans-abri que, plus largement, du mal-logement.
L’Union Européenne compte, elle, 4,1 millions de sans-abri quand plus de 11 millions de logements sont vacants, selon une enquête du Guardian. A partir de l’exemple helvétique, L’ABRI révèle un mal-être universel qui touche toute l’Europe, tant au niveau de la capacité d’hébergement des sans-abri que, plus largement, du mal-logement.
« Chaque nuit, au mépris de la plus élémentaire dignité humaine, des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants sont contraints de dormir à la rue dans ma ville. Cela se passe tous les jours, ce soir, demain, après-demain, à perpète. En me plongeant dans cette réalité ignorée, il m’est apparu urgent que cette extrême précarité puisse faire l’objet d’un film.
Ma rencontre avec des Espagnols à la soupe populaire, disposant d’un permis de travail m’a aussi fait découvrir une nouvelle facette des flux migratoires. Elle a attiré mon attention sur une population précaire, composée en majorité de migrants économiques venus d’Europe, fuyant la crise et qui cherchent un travail, un logement et de quoi survivre.
(…) Dans un climat récurent de xénophobie, je voudrais que mon film contribue à lever le voile sur cette vie d’exclus. »
Fernand Melgar