NATIONALISME BRETON, RACISME ET ANTISÉMITISME
LE CAS BORIS LE LAY
Condamné
le 24 juin 2013 à 18 mois de prison avec sursis et au paiement de 22
000 euros de dommages et intérêts et frais de justice, sur plainte
de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), de la Ligue internationale
contre l’Antisémitisme (LICRA), du Bureau national de vigilance
contre l’antisémitisme (BNVCA), de Yannick Martin, Monique Bras
(dite Mona Braz) et Bernard Poignant, Boris Le Lay, le responsable du
site nationaliste breton Breiz Atao, a aussitôt mis en ligne une
vidéo pour faire part de sa jubilation.
Il
a néanmoins aussitôt fait appel de sa condamnation. L’audience
devait avoir lieu le 24 septembre à la Cour d’appel de Rennes ;
elle a été repoussée au 19 novembre 2013.
L’avocat
de la LDH, Me Gérard Taieb, en a profité pour demander à ce qu’un
autre procès intenté contre Boris Le Lay pour propos antisémites
tenus lors du décès de Serge Goldberg, soit joint à la procédure
(suite à la mort tragique de Serge Goldberg, membre du MRAP, Boris
Le Lay avait écrit : « Un
Juif du MRAP écrasé par un train, c’est la fête. Marchez dedans,
ça porte bonheur. »).
Autre
occasion pour lui de se réjouir, le même jour avait lieu, à Brest,
le procès qui lui était intenté par la conseillère générale
Marie Gueye pour provocation à la discrimination et incitation à la
haine raciale.
Condamné
à quatre mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende, plus
3 000 euros de dommages et intérêts, Boris Le Lay a aussitôt fait
appel de sa condamnation.
Le
dossier devait également être plaidé en appel à Rennes le 19
novembre.
Entre-temps,
le 13 juillet
2013, suite à une plainte initiée par la section de Rennes de la
LDH, Boris Le Lay avait été appelé à comparaître pour
provocation à la haine raciale, apologie de crimes contre l’humanité
et contestation de crimes contre l’humanité.
Pas
plus que dans le cadre des autres procédures, il n’a comparu.
Le
procureur avait requis un an de prison avec sursis et 10 000 euros
d’amende. Boris Le Lay a été condamné à huit mois de prison
avec sursis et 5 000 € d’amende, les plaignants recevant 1 500 €
de dommages et intérêts et 800 € pour leurs frais de
justice.
Le tribunal a retenu les
trois chefs d’accusation et noté que Boris Le Lay exprimait « le
souhait que se reproduise (sic)
un second
holocauste ».
En vue de préparer
l’audience du 24 septembre, Boris Le Lay avait mis en ligne la
veille, à titre de déclaration d’intention, une image issue des
archives du groupe nationaliste Breiz Atao :
« LA FRANCE AUX JUIFS LA
BRETAGNE AUX BRETONS »
À
la veille de l’audience du 19 novembre, il a mis en ligne un
article programmatique, revendiquant son rôle « dans
la lutte contre l’idéologie antiraciste
».
« BREIZ
ATAO a
été en pointe dans la lutte contre l’idéologie antiraciste et le
projet de société voulue par la vermine socialo-communiste qui a
étendu ses tentacules sur notre pauvre pays enchaîné. C’est ce
qui explique la chasse aux sorcières dont nous avons été victime
lors de procès staliniens où la fine fleur de la pourriture
socialiste et marxiste s’est manifestée. »
Le 19 novembre 2013 devaient donc être plaidés devant la Cour d’appel de Rennes trois dossiers.
Seul
le premier a pu être plaidé, avec délibéré au 17 décembre, les
deux autres (affaire Serge Goldberg, affaire Marie Gueye) ayant été
renvoyés au 4 février.
Selon
la tradition des nationalistes bretons, Boris Le Lay avait lancé une
souscription pour lui permettre de faire face à ses frais de
justice.
Enchanté
du résultat, il s’était assuré l’assistance d’un avocat, Me
Pierre-Marie Bonneau. Ce dernier a tenté de faire requalifier ce
qu’il appelait ses « élucubrations
» et ses « propos
sans doute peu intelligents
» en faisant feu de tout le bois juridiquement disponible.
Cela
n’a pas empêché l’avocat général de requérir un an de prison
dont 8 mois de prison ferme et 5 000 € d’amende au terme d’un
réquisitoire soulignant la « lâcheté
» de l’accusé, constamment défaillant au moment de répondre de
ses écrits : « Les
mots manquent face à tant de haine et de bêtise »,
a-t-il conclu avant de citer le Traité
de la tolérance.
Il
a été noté que Boris Le Lay entend faire appel de tous les
jugements, aller en cassation aux frais des plaignants et continuer
de rire de la Justice qui lui assure en le condamnant le plaisir de
se moquer d’elle.
Compte
rendu d’audience par Annie Clénet, présidente de la section
rennaise de la Ligue des Droits de l’Homme, et Françoise Morvan.
Articles:
- "Racisme. De la prison ferme requise pour un blogueur breton", Ouest France, 19 novembre.
- "Diffamation. Prison ferme requise contre Boris Le Lay", Le Télégramme, 20 novembre.
- "Boris Le Lay: 8 mois de prison ferme requis en appel", LDH Section de Loudéac.