LDH section de Rennes
Rapport moral 2013
La
lecture du rapport d’activité vous aura certainement permis
d’apprécier toute la richesse, la diversité, et la difficulté
des actions de cette année 2013.
Au
lendemain des élections de 2012, nous avions espéré nous reposer
un peu et pouvoir nous consacrer davantage à certains thèmes, tels
que le monde du travail, la lutte contre les discriminations, dont
les discriminations sociales, l’économie solidaire, les dossiers
internationaux, le devoir de mémoire..
Notre
désillusion fut forte et nous dûmes poursuivre les combats
précédemment engagés. Tout était-il donc comme avant cet
espéré « virage à gauche » ? Non….. Ce fut,
c’est, peut-être … pire.
Les
Obligations à Quitter le Territoire se sont multipliées, malgré
les espoirs suscités par la circulaire qui aurait pu permettre des
régularisations, les centres de rétention ne désemplissent pas, on
y enferme même parfois encore des enfants. Les migrants restent
presque toujours accueillis dans des conditions indignes. Des
familles errent de logements précaires en logement temporaires
malgré tous les efforts de militants fortement engagés sur le
terrain.
Le monde
du travail est sinistré, délocalisations, fermetures d’usine,
licenciements… La crise a le dos large.
Précarisations
du logement, de la santé, fragilisations, désespoir, colères,
révoltes.
Comme
le chante Charlélie Couture
« …
Tant
de richesses accumulées
Tant
d’opinions manipulées,
Tant
de charges à supporter
Abondance
à outrance
Trop
de tout d’un côté
Trop
de rien de l’autre côté… »
Or,
nous pouvons difficilement compter sur l’appui de nos alliés
d’avant, je veux parler des élus socialistes, qui ne peuvent se
désolidariser de l’action gouvernementale, mais nous devons éviter
malgré tout de participer à l’effondrement de cette gauche que
nous avons choisie au risque de faire le jeu des extrêmes.
Dans
ce tableau sombre, quelques lueurs, quelques avancées, que nous
devons en très grande part à notre courageuse ministre de la
Justice, madame Taubira. Je pense à la loi permettant le mariage
pour tous, au projet de loi relatif à la prévention de la récidive
et à l'individualisation des peines. Quelques avancées également
dans le domaine de l’Éducation avec la loi sur la refondation de
l’École, la réflexion sur le contenu de l’enseignement, la
formation des enseignants, un meilleur taux d’encadrement des
élèves.
Notre
gouvernement actuel sait aussi montrer son attachement à l’un des
fondements de notre République, la laïcité.
Dans
ce contexte confus, quelles perspectives ? Devons-nous jouer les
funambules ?
Je
pense qu’en période de crise, de doute, il faut revenir à nos
fondamentaux et relire nos statuts, nos missions, nos méthodes
d’actions.
ARTICLE
1
Il
est constitué une association française destinée à défendre les
principes énoncés dans les Déclarations des droits de l’Homme de
1789 et de 1793, la Déclaration universelle de 1948 et la Convention
européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et ses protocoles
additionnels.
Elle
œuvre à l’application des conventions et des pactes
internationaux et régionaux en matière de droit d’asile, de droit
civil, politique, économique, social et culturel.
Elle
combat l’injustice, l’illégalité, l’arbitraire,
l’intolérance, toute forme de racisme et de discrimination fondée
sur le sexe, l’orientation sexuelle, les mœurs, l’état de santé
ou le handicap, les opinions politiques, philosophiques et
religieuses, la nationalité, et plus généralement toute atteinte
au principe fondamental d’égalité entre les êtres humains,
toutes les violences et toutes les mutilations sexuelles, toutes les
tortures, tous les crimes de guerre, tous les génocides, et tout
crime contre l’humanité.
Elle
lutte en faveur du respect des libertés individuelles en matière de
traitement des données informatisées, et contre toute atteinte à
la dignité, à l’intégrité et à la liberté du genre humain
pouvant notamment résulter de l’usage de techniques médicales ou
biologiques.
Elle
concourt au fonctionnement de la démocratie et agit en faveur de la
laïcité.
(…) »
Nous
sommes une association
civique, laïque, politique et donc généraliste
qui entend lutter contre l’ensemble des atteintes aux droits de
l’individu dans tous les domaines de la vie civique, politique et
sociale, d’où là diversité et la complexité de nos champs de
compétence. De plus nous voulons promouvoir la citoyenneté
politique et sociale de tous et garantir l’exercice entier de la
démocratie. Nous considérons que la défense des libertés
politiques et celle des droits économiques et sociaux sont
inséparables
Nous
sommes sur tous les fronts défense
des droits sociaux, respect de la vie privée, lutte contre les
discriminations, le racisme et l’antisémitisme, défense des
libertés publiques.
« LDH
maintient, autant que cela est possible, un dialogue
permanent avec les
pouvoirs publics.
Ceux-ci ne sont jamais des « ennemis » a priori. Elle se
donne le droit de contrôler l’activité des structures de l’État
lorsque la défense des droits est en cause : elle exerce
un droit de critique et fait connaître ses critiques à
l’opinion publique.
La
Ligue des droits de l’Homme, enfin, propose les changements ou
évolutions qui lui paraissent nécessaires. Elle sensibilise les
pouvoirs publics et l’opinion publique à ces sujets ».
Nous
avons là, notre ligne de conduite, notre légitimité à dénoncer,
à agir, à proposer.
Lors de
la journée de formation du 19 octobre dernier, notre président nous
a exhorté à sortir de la sidération, il nous a demandé de
verbaliser, d’échanger, de réfléchir afin de nous donner
confiance.
« Nous
devons être présents dans les débats publics lors des élections
municipales et européennes, afin de faire connaître nos
propositions pour nous adresser aux forces démocratiques pour
permettre à notre pays de résister aux idées d’extrême droite »
- Pierre Tartakowsky.
Voilà
donc un ordre de mission et d’action. Rassemblons-nous, échangeons,
proposons, faisons avancer les idées républicaines, laïques,
démocratiques pour le respect des droits de l’Homme. Faisons
nôtres, les grandes campagnes de la Ligue des Droits de l’Homme
en nous appuyant sur les 35 propositions du pacte pour les droits et
la citoyenneté, soutenons les campagnes pour l’inscription sur les
listes électorales, sans oublier notre devoir de mémoire, je pense,
au lendemain de la commémoration du 11 novembre, à la
réhabilitation des fusillés pour l’exemple.
Plus
que jamais nous avons besoin de la présence de chacun. Nous devons
améliorer la promotion de nos idées afin de susciter de nouvelles
vocations militantes.
Gardons
espoir dans l’adversité en songeant à la volonté et au courage
de celles et de ceux qui nous ont précédés. Le 10 janvier
prochain, nous allons commémorer le 70ème
anniversaire de
l’assassinat de Victor et d’Ilona Basch. Que l’engagement de
nos aînés nous serve de modèle !
Je
dédie ce rapport moral et nos actions futures à notre ami Yves
Quéau, à madame Simone Alizon et à Clara Kasekera
Mokango, jeune femme mariée à un réfugié angolais et renvoyée
en RDC, en grève de la faim, après 45 jours de rétention sans
autre forme de procès.
Annie
Clénet
Novembre
2013