Nous
voulons saluer la mémoire de Magomedkhan, 11 ans, mort dans
un parking, jeudi soir, et témoigner notre solidarité à sa
famille.
Depuis
son arrivée en France en 2009, avec ses parents fuyant les persécutions et
demandant un Asile qu'on leur a refusé, Magomedkhan s’est retrouvé sans
ressources avec sa mère et ses 3 frères.
L'urgence était pourtant criante :
- Une
mère isolée avec 4 enfants mineurs dont un enfant lourdement handicapé ;
- Cette
mère disposant d'une autorisation provisoire de séjour renouvelée tous les 6
mois ;
- Des
documents délivrés par la préfecture, mais sans le droit au travail
;
- Cette
mère sans aucune ressources ni allocations pour l'éducation des enfants
;
- Un
hébergement d'urgence de 9m2 obtenus depuis peu, après de longues procédures.
Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir
saisi, à de multiples reprises, les institutions concernées pour obtenir
la carte de séjour qui aurait pu permettre à la famille de stabiliser sa
situation, un hébergement dans un CHRS, le droit pour l'enfant handicapé à
pouvoir bénéficier d'une aide matérielle....
C'est dans ces conditions que la famille
n’a jamais pu poser ses maigres valises dans un endroit stable et sécurisant
alors que l'association Habitat et Citoyenneté a alerté les services sociaux sur
la nécessité impérieuse d'obtenir une place dans un centre d'hébergement et de
réinsertion.
Jamais Magomedkhan n'a eu droit à un bout
de chambre à lui, ni à un bureau pour faire ses devoirs, ni à des repas assurés
chaque jour, encore moins à des loisirs.
Malgré cela, il a beaucoup investi dans
l’école, seule institution accueillante.
Depuis ses 7 ans, le petit Magomedkhan
faisait le traducteur de toutes les démarches administratives de sa mère, de ses
frères ; il accompagnait sa mère dans les hôpitaux, celle-ci n'ayant jamais eu
le temps de se rendre à des cours de français, ne pouvant laisser seul l’enfant
malade.
Magomedkhan attendait le soir que la
boulangerie du quartier ferme pour rapporter le pain non vendu à la maison et
cela, tout le monde le savait.
Seules les associations humanitaires et
militantes ainsi que des citoyen-nes bénévoles ont apporté leur aide à cette
famille, pour se nourrir, se vêtir ....
Magomedkhan, enfant lumineux et joueur en
dépit de tout, comme tous les enfants, avait besoin de loisirs. Il a grandi trop
vite comme la plupart des enfants dans sa situation, enfant d'étrangers fuyant
des pays où leur vie ne vaut pas cher.
Ce soir-là, il était sorti retrouver des
copains… pour oublier ? pour respirer ? pour avoir un peu d'espace
?
Sa mère a bien essayé de le joindre au
téléphone mais…
Ce n'est pas seulement une bombe aérosol
qui a tué Magomedkhan, ce sont surtout les violences institutionnelles subies
par sa famille en contradiction totale avec la CIDE(Convention Internationale
des Droits de l'Enfant) dont nous venons de célébrer l'anniversaire.
"l'intérêt supérieur de l'enfant " dont
parle cette Convention signée par la France, ce n'était pas pour lui, ni pour
ses frères, ni pour tous les petits Magomedkhan qui grandissent dans notre
beau pays.
Premiers signataires :
ADN ; Amnesty International Nice ; CIMADE
; COVIAM ; Habitat&citoyenneté ; LDH Cannes ; LDH Nice ; MRAP ; RESF 06 ;
Secours Catholique ; …