Paris,
le 11 février 2015
Le
réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) suit
de près la détérioration des droits de l’Homme en Égypte.
Cette dégradation a encore été manifeste lors du quatrième
anniversaire de la révolution égyptienne ce 25 janvier, lors
duquel une nouvelle confrontation entre les forces de police
et des manifestants pacifiques a eu lieu, menant à la mort
de plus de vingt d’entre eux. Au-delà du recours régulier à
l’usage excessif de la force par les services de sécurité,
avec plus de 1400 morts dans des violences depuis la
destitution de Mohamed Morsi, l’Égypte connaît un contexte
général de répression sévère de tous les mouvements de
contestation, marqué par de nombreux cas d’arrestations, de
tortures et d’exécutions arbitraires. La loi de novembre
2013 sur les manifestations publiques a conduit à des
centaines d’arrestations et de condamnations de figures
emblématiques de la contestation, comme Yara Sallam et Alaa
Abdel Fattah, pour avoir organisé des rassemblements jugés
illégaux. Depuis juillet 2013, le gouvernement a mené une
campagne d’arrestations massives avec plus de 41000
personnes emprisonnées. Cette répression cible non seulement
des personnes accusées d’appartenir au mouvement des Frères
musulmans, mais également des activistes, défenseurs des
droits de l’Homme, étudiants, journalistes et médias, pour
le simple fait de s’être opposé à la politique du
gouvernement.
Le
REMDH est conscient de la place importante qu’occupe
l’Égypte sur la scène diplomatique européenne et
internationale, notamment dans la lutte contre les avancées
de l’organisation terroriste portant le nom d’ « Etat
Islamique ». La menace mondiale du terrorisme, qui a
tragiquement frappé la France récemment, est loin de nous
échapper. Nous sommes également conscients des efforts
déclarés par les autorités égyptiennes quant aux violences
armées visent les citoyens égyptiens et les forces de
sécurités. Cependant, c’est également sous la bannière de la
lutte contre le terrorisme que s’opère la terrible
répression contre les voix critiques et indépendantes en
Égypte. La violation des droits de l’Homme et l’absence
d’état de droit contribuent à la radicalisation et à la
violence, pour finalement conduire une jeunesse désespérée
vers le recrutement par des groupes terroristes.
Au
vu de cette forte dégradation de la situation des droits de
l’Homme en Égypte et des engagements du gouvernement
français tels qu’énoncés dans la position commune 2008/944/PESC
définissant des règles communes régissant le contrôle des
exportations de technologie et d’équipements militaires et
les conclusions du
conseil de l’union européenne du 21 août 2013, le REMDH
appelle le gouvernement français à suspendre immédiatement
toutes ses exportations d'armes et de matériel de sécurité à
l’Égypte, ainsi que tous contrats actuellement en
négociation, et ce à tout le moins tant que les autorités de
ce pays ne cessent leur répression violente contre les
mouvements de dissidence légitime et de défense des droits
de l’Homme.