Communiqué
LDH
La
LDH avait annoncé, passée la première période d’état
d’urgence, que le renouvellement de celui-ci serait sans fin. De
tout temps, sous tous les gouvernements et sous tous les régimes,
les mesures d’exception sont comme une drogue pour les autorités :
après y avoir goûté, elles ne peuvent plus s’en passer.
Soutenir
qu’il est nécessaire de renouveler l’état d’urgence en raison
de l’élection présidentielle et, probablement, des élections
législatives qui suivent, c’est reconnaître un peu plus que
l’exception devient la règle.
Si
l’état d’urgence semble indolore à la grande majorité d’entre
nous, ce n’est pas le cas des dizaines de personnes assignées à
résidence, et qui ne bénéficient pas de la protection du juge
judiciaire. Le prolonger, c’est prolonger la possibilité
permanente d’effectuer des perquisitions dans des conditions qui
ont été largement dénoncées, c’est donner un quasi blanc-seing
aux pouvoirs publics pour interdire des manifestations et c’est,
d’une manière générale, installer l’habitude de pouvoirs
exceptionnels peu et mal contrôlés et qui sont utilisés à
d’autres fins que celles annoncées.
Cela
aboutit, enfin, à exacerber les tensions de toute nature, notamment
en continuant à stigmatiser une partie de la population et en
imposant aux forces de l’ordre des suggestions qui épuisent leurs
capacités.
On
est en droit de s’interroger sur l’utilité d’un état
d’urgence destiné à lutter contre les actes de terrorisme,
utilité dont le gouvernement n’apporte aucune justification.
La
LDH appelle les parlementaires à prendre conscience qu’un tel
renouvellement est une mesure dangereuse et démagogique, qui
s’inscrit dans la remise en cause de l’Etat de droit.
Paris,
le 16 novembre 2016