Le
19 mars aura lieu, à Paris place de la Nation à 14h, pour la
deuxième année consécutive, une marche pour la justice et la
dignité. Nos organisations appellent à la solidarité et à cette
manifestation qui se tient à l’appel des familles de victimes de
violences policières. Elle se tient après l’agression
insupportable dont Théo a été, après beaucoup d’autres avant
lui, la victime.
Parce
que les violences policières ne sont pas commises qu’en
Ile-de-France, parce que les victimes de ces violences sont de toutes
origines, c’est partout en France que nous appelons à manifester
le 19 mars 2017.
Colère
face à des violences policières dont le caractère répétitif
trahit une conception pervertie de la sécurité publique et de la
protection des citoyens ; colère face à une impunité manifeste et
à un « deux poids, deux mesures » qui minent
l’égalité des citoyens devant la justice ; colère devant
des décisions gouvernementales qui visent à renforcer le poids de
la police vis-à-vis de la justice, de la jeunesse et de la
population.
Avec
ces marches, nous signifions : alerte !
La
police exerce un métier difficile. Il lui arrive d’en payer
chèrement le prix et de dénombrer ses victimes, tombées parfois
dans d’atroces conditions. La France ne manque pas d’en porter le
deuil. C’est donc une énorme responsabilité que d’être
policier, de porter arme à la ceinture, d’incarner la force de la
loi et, au-delà, la République. Cette responsabilité n’autorise
aucun passe-droit ; au contraire, elle oblige. D’où notre
alarme : manifestations de racisme, discriminations,
comportements humiliants, violences et indulgences coupables marquent
aujourd’hui les interventions policières.
Avec
ces marches, nous disons : une autre police est nécessaire.
Cette
situation relève certes d’un contexte politique dégradé, marqué
d’inégalités, d’injustices et d’invocations à un ordre qui
se retourne contre les libertés individuelles et collectives. Pour
autant, elle n’est pas fatale et il est impératif d’adopter des
mesures qui recentrent la police sur ses missions de protection,
bannissent les comportements agressifs, punitifs et humiliants,
créent les conditions de confiance entre police et population.
Avec
ces marches, nous portons des demandes précises.
La
police doit retrouver sa vocation de protection dans une relation de
proximité exercée dans le respect des personnes et de leurs droits.
Ses agents doivent recevoir une formation conforme à ces objectifs.
Le
gouvernement doit rouvrir le dossier du récépissé pour les
contrôles d’identité. Sa fonction n’est pas du même ordre que
celle des caméras, dont il a seul décidé la généralisation et
dans des conditions discutables.
Les
méthodes d’interpellation à hauts risques déjà interdites dans
nombre d’autres pays européens doivent être bannies.
Aujourd’hui,
le gouvernement doit prendre les mesures qui s’imposent et ouvrir
les discussions nécessaires.
Avec
ces marches c’est la liberté, l’égalité et la fraternité que
nous défendons.
Les
violences policières, dès qu’elles font – ou semblent – faire
système, sont un coup de poignard plongé dans le cœur de la
République : elles foulent les libertés aux pieds, mettent à
bas l’égalité des citoyennes et des citoyens devant la police et
la justice, substituent les stigmatisations haineuses et les
enfermements identitaires aux valeurs qui fondent notre réalité
plurielle, laquelle est aussi notre identité collective.
C’est
pour ces raisons et pour ces objectifs que nous appelons les
citoyennes et les citoyens, toutes celles et ceux qui vivent,
étudient et travaillent en France, à marcher le 19 mars.