Communiqué LDH
Paris,
le 12 décembre 2014
Depuis 2002, nous savions que les
Etats-Unis détenaient
illégalement des centaines de suspects à Guantanamo, qui
vivaient des
conditions abjectes et étaient mal traités. Mais le
rapport du Sénat américain
révèle l’innommable. La permanence et l’importance de la
torture,
pratiquée sur les prisonniers pour en obtenir des
renseignements, sont décrites
et analysées, montrant au passage l’absurdité de ceux
qui prétendent
qu’elle pourrait être justifiée quand il s’agit de
sauver des vies.
La torture est avant tout un acte de
barbarie qui porte
atteinte à la dignité humaine ; elle est appliquée à des
suspects dont on
suppose qu’ils seraient susceptibles de détenir des
informations. Son
interdiction, comme celle de l’esclavage, est proclamée
par la Déclaration
universelle des droits de l’Homme, et toutes les
conventions
internationales protégeant les droits de l’Homme. Elle
est intangible et
indélogeable, quelles que soient les circonstances et la
qualité des personnes
qui la pratiqueraient, ou de celles qui la subiraient.
C’est un message effrayant qui est
ainsi envoyé au
monde par la plus ancienne et la plus puissante des
démocraties, et
particulièrement aux tyrans, aux assassins et aux
barbares qui ricanent quand
on leur parle « droits de l’Homme ». Quand nous
proclamons
notre indignation, d’autres ricanent à leur tour. « Il ne faut pas faire
d’angélisme sur ce sujet », dit Marine Le Pen, interrogée
précisément
sur la possibilité d’utiliser la torture pour « faire parler la
personne ».
Elle répond explicitement que ce peut être « par
tous moyens ». Aucune
équivoque n’est possible, ce qui n’empêche pas la
présidente du
Front national d’assumer un mensonge éclatant, osant
prétendre que ses
propos auraient été interprétés « de
façon malveillante ». En fait sa
réponse spontanée fait
apparaître, de façon claire, que ses convictions
sont restées celles de son
père, et la « dédiabolisation » n’est qu’une
attitude de
surface, une hypocrisie, un « hommage que le vice
rend à la vertu ».
Voilà
qui démontre à
nouveau l’évidente et urgente nécessité d’une
mobilisation des
forces démocratiques, rassemblées pour combattre les
dangers de la montée de
l’extrême droite. Il faut aussi exiger que la France
fasse la clarté sur
son passé. Il ne s’agit pas de repentance, mais
d’Histoire et de
mémoire. Les propos de François Hollande le 20 décembre 2012, à Alger, restent bien
faibles face à ce que fut la torture pendant la guerre
d’Algérie. Le
Sénat américain a conduit une enquête approfondie, Barak
Obama et le chef de la CIA ont reconnu et
déploré
l’existence de cette pratique abominable. Nous ne
demandons pas une
« repentance », mais une enquête parlementaire et la
reconnaissance
solennelle par le président de la République,
chef des armées, de ce qui s’est passé en
Algérie pendant huit ans.