Paris,
le 30 mars 2017
Depuis
quelques semaines, tout le monde en discutait. Depuis deux jours,
tout le monde la fait : la grève en Guyane est à la une de
l’actualité.
La Ligue des droits de l’Homme, et sa section de Guyane, ne
s’étonne pas de l’irruption des revendications et de leur
cristallisation dans un mouvement qui fédère les colères et les
frustrations rentrées depuis si longtemps. Déjà en 2011, la LDH
avait participé activement à la création d’un Collectif des
associations de Guyane pour appeler l’attention sur la dégradation
de l’application des lois de la République. L’appel rappelait le
principe de base du refus de toute discrimination et demandait
l’application des mêmes droits pour toutes et tous, scolarité,
santé, logement, eau, transport, infrastructures, mais aussi tout
simplement droit à l’état civil, à la même administration, au
dialogue civil avec les autorités, à la diversité culturelle, sans
oublier la responsabilité majeure de l’Etat envers les populations
autochtones dont l’existence et la sécurité sont menacées par
les orpailleurs illégaux et le déforestage sauvage, et enfin envers
les migrants dont les droits sont niés.
En 2017, cinq ans après, la LDH apprécie à sa juste valeur le fait
que la mission effectuée l’an dernier par le Défenseur des droits
en Guyane confirme l’exactitude des analyses et des constats faits
par les associations, au point qu’il a quasiment sommé l’Etat de
remplir immédiatement ses obligations d’égalité des droits
envers toutes les populations. Le très large collectif associatif et
syndical qui organise le mouvement social est conduit à prendre en
charge une multiplicité de revendications due à la dégradation de
la situation. En tentant de résoudre la crise en opposant les uns
aux autres, les différents détenteurs de pouvoirs, en Guyane et à
Paris, montrent qu’ils n’ont pas pris la mesure de dizaines
d’années d’abandon du territoire.
Il est un sujet pourtant qui fait l’unanimité de leurs discours :
pas de violence ! Oubliant ainsi que la protection de l’ordre
public n’est légitime que si elle est au service de la résolution
de la violence sociale que subit la population. A cet égard, la LDH
demande solennellement au gouvernement de mettre fin aux exactions de
groupes de quasi-miliciens, qui attaquent, rackettent, violentent
dans les rues les personnes, en particulier les supposés étrangers,
sans être inquiétés. La LDH tient le gouvernement pour comptable
de toute exaction, de toute agression perpétrée contre les acteurs
du mouvement social par des groupes proches des criminels locaux et
elle assure sa section de Guyane du soutien total de toute
l’association.