dimanche 6 novembre 2011

Prise de parole d’Yves Treguer lors de la commémoration du17octobre 1961


Nous sommes ici réunis, en un collectif d’associations, pour commémorer le 50ème anniversaire des très graves évènements du 17 octobre 1961, de ce qu’on a pu qualifier de « crime d’État ».
Je me disais, en venant ici, que si j’avais eu l’idée de demander aux gens que je rencontrais ce qu’évoquait pour eux le 17 octobre 1961, j’aurais eu probablement peu de réponses, car tout a été fait pour que cette date n’évoque aucun souvenir précis pour les Français.
Au lendemain des faits, la censure s’est brutalement abattue : livres, films, photos interdits de parution, premiers témoignages censurés, témoins vigoureusement dissuadés de parler, suspension, mutation disciplinaire pour les policiers républicains qui ont eu le courage de s’exprimer. Puis, jusqu’à présent, une faible couverture médiatique, alors que les faits, en raison du travail d’historiens, de cinéastes, de photographes étaient de mieux en mieux connus
Mais 50 ans après, aujourd’hui, les choses ont heureusement changé : les journaux parlent abondamment de ce qui s’est passé, les commémorations sont nombreuses. Pour ne retenir que  deux évènements d’actualité, l’inauguration à Nanterre d’un boulevard du 17 octobre, la première visite de l’élu des primaires citoyennes,  réservée à une cérémonie à Clichy, témoignent de la reconnaissance publique de la tragédie de 1961.
Quelques mots pour se remémorer les enjeux de l’époque. La guerre d’Algérie touche à sa fin, elle finira dans quelques mois, en 1962.Il y a eu en avril 1961 un putsch de généraux qui a mis la République en péril, l’OAS est à l’œuvre à Paris et des attentats du FLN contre la police ont fait une trentaine de morts. Tout cela provoque une extrême tension.
Au gouvernement, le premier ministre est Michel Debré dont les sympathies pour l’ « L’Algérie française » ne sont pas un mystère, Roger Frey est ministre de l’Intérieur, et Maurice Papon, dont on ne connaît pas encore la responsabilité envers la communauté juive en 1942, est Préfet de police
De l’autre côté, la population algérienne, très concentrée en région parisienne, vivant misérablement dans des bidonvilles (Nanterre, Aubervilliers, Argenteuil, Bezons…),et qui finance à 80% l’insurrection algérienne. Il suffit d’un élément déclenchant pour que carte blanche soit laissée à la police et qu’une répression terrible arrive.
Cet élément, c’est un couvre- feu de discrimination raciale visant exclusivement la population nord-africaine, c’est à dire « les Français musulmans d’Algérie ».
La réponse au couvre-feu est une manifestation pacifique : hommes, femmes enfants, convergent de la banlieue vers Paris. Pour affirmer leur dignité, ils ont revêtus leurs plus beaux habits : « On se serait cru à une fête de mariage », dira une des participantes.
Prévoyant les risques encourus, notre camarade Paul Rousseau et le Syndicat général de la police font passer un message : « Camarades du SGP, ne vous laissez pas aller à des actes qui ne sont pas en accord avec votre manière de penser. Groupez-vous autour de vos cadres syndicaux. Agissez comme des hommes représentant la justice et non comme des justiciers. »
La suite est connue. Je laisse la parole à quelqu’un qui a vécu l’événement et qui témoigne : « Ils descendaient tranquillement des bus, les mains vides » ; A l’intérieur du car de police : « J’entendais des coups de feu…Je voyais les policiers jeter des corps à la Seine par dessus la rambarde du pont. Des manifestants rebroussaient chemin et s’enfuyaient….La radio annonçait que des policiers avaient été tués.les officiers nous disaient d’agir en notre âme et conscience, que c’était de la légitime défense..Pas un policier n’a été tué ni blessé. »
Deux ou trois morts, au cours d’une « malheureuse soirée », dira Papon, en termes très… pudiques. Au moins deux cents morts de l’avis général des historiens, matraqués à mort, tués par balles, jetés à la Seine, trouvés pendus à des arbres. Un véritable massacre, onze mille arrestations…
Même la justice française devra reconnaître que « Certains membres des forces de l’ordre, relativement nombreux, ont agi avec une extrême violence, sous l’empire d’une volonté de représailles », et même « à froid »dans les centres d’internement. Les dénégations de Papon, parlant de « morts mythiques », n’auront pas suffi.
L’occultation, l’étouffement de la vérité sur l’une des pages les plus noires de la 5ième République ne sont plus de mise.
Que nous reste-t-il à faire ? Une direction nous est donnée par une pétition qui circule sur le Net et qui est signée en particulier par de grands résistants comme Raymond Aubrac, Stéphane Hessel, Edgar Morin. C’est « un appel pour la reconnaissance officielle de la tragédie du 17 octobre 1961 à Paris. Après tout, Jacques Chirac avait reconnu en1995 la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs (Papon déjà !).L’actuel chef de l’État n’aime guère que la République admette ses fautes et ne cache pas son hostilité à ce qu’on appelle la repentance.
Aujourd’hui on pourrait réexaminer la question. La gauche en 1999 est à l’initiative d’une loi reconnaissant la guerre d’Algérie. Elle pourrait évoquer octobre 1961 dans le cadre de délibérations au Sénat, où elle est majoritaire.
Quoi qu’il en soit, une page a été tournée. Nul ne saurait prétexter l’ignorance. On peut à nouveau parler de paix et d’amitié entre les peuples. Comme l’écrit Mehdi Lallaoui, réalisateur d’un film sur le sujet : « Le 17 octobre a fini par devenir une mémoire commune, partagée, reprise par tous les citoyens. C’était nécessaire pour qu’on construise des passerelles de fraternité entre la France et l’Algérie. On ne demande pas que la France se mette à genoux pour dire sa repentance. On ne souhaite ni vengeance ni punition. On aimerait simplement que l’État nomme ce qui s’est passé un jour. »


jeudi 16 juin 2011

Prison et santé mentale : quelles évolutions ?



La prochaine conférence organisée par la section rennaise de la Ligue des Droits de l’Homme, le 23 juin 2011 à la MIR à 18h30.
Avec : Anne Henry, Psychiatre (Centre Guillaume Régnier et SMPP Maison d’arrêt) et Éric Péchillion, Maître de conférences. ( Faculté de Droit et de Science politique de l’Université de Rennes 1).


Cette conférence est organisée conjointement avec la Ligue de l'enseignement 35.
Elle est gratuite et ouverte à tous les publics.
Merci de diffuser généreusement cette information auprès de votre entourage.
A jeudi prochain !





mercredi 15 juin 2011

CONFÉRENCE


Le 23 juin prochain à 18h30 à  la MIR 

HENRY Anne  Psychiatre  ( Centre Guillaume Régnier et SMPP Maison d'arrêt)
PÉCHILLON Eric Maître de conférences. Faculté de Droit et de Science politique de l'Université de Rennes 1. 


feront une conférence sur le thème suivant


 Prison et santé mentale:quelles évolutions?

Depuis quelques années,l'évolution législative s'accélère et les
nouvelles lois et réformes se succèdent.Parmi celles-ci,l'entrée en
vigueur de la loi pénitentiaire de 2009,l'ouverture des unités
hospitalières spécialement aménagées,les soins sous contrainte qui
vont,par le biais de la reforme de la loi de 1990,faire leur entrée en
prison,la reforme autour de la dangerosité,etc...
Nous proposons un point sur ces boulversements législatifs souvent
décidés au décours d'un fait divers et de s'interroger sur leurs
conséquences en termes de droit à la santé et de respect des libertés
fondamentales.




lundi 30 mai 2011

"Tunisie, monde arabe, l'appel de la démocratie".

Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme, (FIDH), était présente mardi 25 mai 2011, à Rennes. Elle était l'invitée de la section de Rennes de la Ligue des droits de l'Homme et de la Ligue de l'enseignement d'Ille et Vilaine. Voici L'intégralité de la conférence : 6 séquences pour un total de 76mn : "Tunisie, monde arabe, l'appel de la démocratie" mise en lien sur le le site de LDH  Loudéac centre Bretagne.

jeudi 26 mai 2011

Rassemblement le 28 mai à 14H30 place de la Mairie à l'appel du MRAP et de RESF.

Le collectif "d'ailleurs, je suis d'ici" appelle à une manifestation nationale le 28 mai prochain pour protester contre la politique d'immigration française. 


A RENNES, Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP 35 ) et Réseau Éducation Sans Frontières (RESF 35) appellent à un rassemblement le 28 mai à 14H30 place de la Mairie.
Merci de diffuser l'information. 

vendredi 20 mai 2011

Mercredi 25 mai, à 18H30, conférence-débat à l’espace Anne de Bretagne, 15 rue Martenot, Rennes.


Tunisie, monde arabe, les révolutions démocratiques.

Mercredi 25 mai, à 18H30, conférence-débat à l’espace Anne de Bretagne, 15 rue Martenot, Rennes, organisée par la fédération des droits de l’Homme. Entrée libre.

Soirée exceptionnelle à Rennes, le mercredi 25 mai : la présidente de la Fédération internationale des droits de l’Homme, Souhayr Belhassen, fera une conférence sur le thème : « Tunisie, monde arabe, les révolutions démocratiques ».
L’un des plus importants événements du début 2011, et l’un des plus imprévus, a été le printemps arabe,le refus populaire des dictatures et l’exigence des libertés démocratiques. La transition entre ces régimes, périlleuse, a réussi sans trop de sang versé en Tunisie et en Egypte, mais les acquis restent fragiles.
Ailleurs, en Syrie et en Libye notamment, la soif de liberté des peuples a tourné à la tragédie.
Mais partout, et d’abord en Tunisie, la mise en cause des régimes n’a été possible que grâce à des mouvements issus de la société civile, et particulièrement les Ligues des droits de l’Homme.
C’est dire l’intérêt exemplaire de la présence parmi nous de Souhayr Belhassen, témoin capital, journaliste tunisienne engagée dans les combats pour la liberté, et actuelle présidente d’une prestigieuse ONG, la Fédération internationale des droits de l’Homme.

samedi 1 janvier 2011

Information importante

Nous avons changé d'adresse mail depuis le 1er janvier 2011. Notre adresse ldhrennes@voila.fr est remplacée par  la suivante:


                                            ldhsectionderennes@gmail.com


Bonne année à tous.