mercredi 20 mai 2015

[Communiqué LDH] Zyed et Bouna : triste verdict, triste justice

Paris, le 19 mai 2015

En relaxant les deux policiers poursuivis pour non-assistance à personne en danger, en les dédouanant au point d’oublier que la police a aussi pour mission de protéger, le tribunal correctionnel de Rennes a sans doute suivi sa logique. Mais il a surtout rendu un verdict terrible contre la justice elle-même.
Car ce jugement a toutes les apparences de l’injustice.  Il en a l’allure, il en a le goût, il en a l’odeur et il en a les mots. Il en aura l’impact.
Comment en effet sera-t-il possible de prétendre que les policiers, à l’instar de tous les citoyens, sont responsables de leurs actes, comme de leur inaction ?
Comment pourra-t-on faire croire aux habitants de Clichy-sous-Bois qu’ils sont considérés à l’égal des autres citoyens de ce pays ?
Comment pourra-t-on espérer dire que justice a été rendue avec un « deux poids, deux mesures » aussi écrasant ?
Le triste verdict de Rennes vient s’ajouter à un sentiment d’injustice et de mépris, au climat de méfiance et de violence latente existant entre les forces de l’ordre et les habitants des quartiers d’habitat social, singulièrement une bonne partie de la jeunesse qui y réside. Qu’on ne s’y trompe pas, le silence incrédule avec lequel le pays l’a accueilli – exception faite de quelques cris de joie du Front national ou de membres de l’UMP – n’est pas de bon augure. Lorsque des hommes et des femmes ne croient plus en la justice de la République, c’est la démocratie elle-même qui est en péril.
Les quartiers relégués, celles et ceux qui sont victimes de la crise sociale, des inégalités territoriales, de toutes sortes de discriminations et se voient, de surcroît, exposés à des contrôles policiers incessants et indignes, vont continuer de réclamer une tout autre justice.

dimanche 17 mai 2015

Trop, c’est trop !



Ayant accueilli des Juifs victimes de l’antisémitisme et des survivants du génocide perpétré par les nazis, l’Etat d’Israël a le droit de vivre en paix et de voir ses frontières reconnues. A cet égard, nous restons fidèles à la double exigence affirmée par Pierre Vidal-Naquet au lendemain de la guerre de 1967 : défendre l’existence de cet Etat mais exiger aussi de lui l’évacuation des territoires conquis alors afin que puisse s’y établir un Etat palestinien.

Hélas, les élections législatives  de mars 2015 et la formation du gouvernement qui en résulte nous éloignent encore davantage de cette issue. En effet, elles ont donné la victoire à Benjamin Netanyahou, lequel a déclaré ouvertement son refus d’un tel Etat. Forts de leur supériorité militaire, les gouvernants actuels de l’Etat d’Israël risquent donc de rendre impossible toute création d’un Etat pour le peuple palestinien. Comme on peut le constater, la poursuite de la colonisation de l’ensemble de Jérusalem et de la Cisjordanie ainsi que le blocus aérien, maritime et terrestre de Gaza, condamnent sa population civile, au mieux à survivre, au pire à mourir parmi les ruines.

Il faut donc des sanctions et des pressions internationales à l’encontre de cette politique. Nous sommes préoccupés, en France, par la montée de l’antisémitisme et des autres formes de racisme et nous les combattons. Mais nous nous élevons aussi, avec force, contre tous ceux qui se servent de l’argument de l’antisémitisme pour refuser de critiquer la politique désastreuse menée par Benjamin Netanyahou.

Les Israéliens désireux de mettre en œuvre une autre politique ont besoin de soutien et pensent que seules des sanctions prises à l’encontre de ce gouvernement peuvent être efficaces afin que soient reconnues les légitimes aspirations des Palestiniens à vivre en paix au sein de frontières sûres.

Seule une forte campagne d’opinion en France et en Europe peut permettre de contrer cette politique. Et c’est pourquoi, nous demandons que la France et tous les Etats européens reconnaissent l’Etat de la Palestine, comme vient de le faire la Suède, qu’ils votent pour son entrée comme membre à part entière des Nations unies et enfin qu’ils s’engagent à faire cesser toute vente d’armes, coopération militaire ou transfert de technologie susceptible d’un usage militaire vers Israël et à suspendre l'accord de coopération de l’Union européenne avec Israël. Nous demandons aussi que cesse toute poursuite contre les militants qui appelleraient au boycott des produits israéliens, même si certains d’entre nous ne sont pas favorables à un tel boycott.

« Trop, c’est trop ! », c’était le cri que plusieurs d’entre nous avions lancé en décembre 2001, avec Madeleine Rebérioux, Pierre Vidal-Naquet et Stéphane Hessel, lorsque des coups dramatiques étaient portés contre Yasser Arafat et l’Autorité palestinienne à Ramallah. Dans la continuité de leur action, nous appelons à une campagne au double mot d’ordre : « Combattons l’antisémitisme ! Soutenons ceux qui s’opposent en Israël à la politique de ce gouvernement, sur lequel des pressions sont indispensables pour qu’on sorte de cette impasse ! »


Les 64 premiers signataires : Tewfik Allal, Etienne Balibar, Françoise Basch, Fethi Benslama, Sophie Bessis, Alexandre Bilous, Françoise Blum, Anne Brunswic, Monique Chemillier-Gendreau, Patrick Chemla, Alice Cherki, Suzanne Citron, Catherine Clément, Sonia Dayan-Herzbrun, Marianne  Debouzy, Sylviane De Wangen, Michel Dreyfus, Ivar Ekeland, Jeanne Favret-Saada, Chérif Ferjani, Jean Ganeval, François Gèze, Frédéric Goldbronn, Lise Halbwachs, Mohammed Harbi, Françoise Héritier, Jacques Jedwab, Francine Kahn, Marcel-Francis Kahn, Philippe Kalfayan, Abdellatif Laabi, Pascal Lederer, Catherine Lévy, Daniel Lindenberg, Gilles Manceron, Denis Marx, Gustave Massiah, Jérôme Maucourant, Sophie Mazas, Marie-José Mondzain, Edgar Morin, Véronique Nahoum-Grappe, Jean-Luc Nancy, Emmanuel Naquet, Gilles Perrault, Michelle Perrot, Jacques Rancière, Bernard Ravenel, Vincent Rebérioux, Michel Rotfus, Elisabeth Roudinesco, Nourredine Saadi, Claudette Scemama, Abraham Ségal, Leila Shahid, Didier Sicard, Pierre Tartakowsky, Jacques Testart, Marie-Noëlle Thibault, Michel Tubiana, Georges Vigarello, Georges Wajs, Michèle Zemor, Idith Zertal.

Contact et signatures : trop-cest-trop@laposte.net


« Trop, c'est trop ! » est un collectif d’individus constitué à la fin de l'année 2001 à l’initiative de Madeleine Rebérioux et Pierre Vidal-Naquet pour protester contre l'enfermement de Yasser Arafat à Ramallah et les coups portés par l'armée israélienne à l'Autorité palestinienne. Il s’est exprimé de nouveau quand de nouvelles menaces ont compromis encore davantage la paix dans la région qui passe par l’existence d’un Etat palestinien.

mardi 12 mai 2015

La situation des prisonniers politiques palestiniens, 28 mai 2015

Projection d’un film documentaire suivi d’une conférence/débat sur le thème de LA SITUATION DES PRISONNIERS POLITIQUE PALESTINIENS, qui aura lieu jeudi 28 mai à 20h à la Maison des Associations (Cours des alliés - Rennes)

Cette soirée est co-organisée par le Comité Rennais AFPS, Amnesty International, l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) et la Ligue des Droits de l’homme (LDH), avec le soutien de l’Association des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT) et de la CIMADE.

La conférence/débat sera précédée de la projection du documentaire ‘PALESTINE, LA CASE PRISON’,  réalisé par la Plateforme des ONG pour la Palestine.

Pour nous aider à décrypter les questions que cette situation soulève face au Droit International et face au Droit Humanitaire, nous pourrons compter sur la présence de trois invités :

Hafed BURNAT, avocat palestinien, ancien prisonnier et membre du comité de résistance de Bil’in
Martine BRIZEMUR,  Coordonnatrice Israël, Territoires occupés, Autorité Palestinienne - Amnesty International France,
Mireille FANON - MENDÈS FRANCE, membre de l'UJFP, Experte au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU et présidente de la Fondation Frantz Fanon.

mercredi 6 mai 2015

France / Surveillance – La FIDH et de la LDH contestent la décision du parquet de ne pas enquêter

Communiqué commun LDH-FIDH
Paris, le 4 mai 2015

La FIDH et la LDH ont déposé ce jour un recours auprès du procureur général de Paris contre la décision de classement sans suite, prise par le parquet le 13 avril, dernier à la suite d’une plainte visant les services de renseignement français pour des pratiques illégales de surveillance, qui avait été introduite en décembre 2014

« Cette décision, qui repose sur des motifs fallacieux, démontre l’absence de volonté du parquet de Paris de faire la lumière sur les agissements des services de renseignements français. Une telle position, dans un contexte où le projet de loi sur le renseignement est largement contesté, est inacceptable », a déclaré Patrick Baudouin, avocat et président d’honneur de la FIDH.

« Il est temps de placer les autorités françaises face à leurs responsabilités. On ne peut pas nous dire, d’un côté, que ces pratiques existaient hors de tout cadre légal, comme le président de la République l’a de lui-même admis récemment dans une interview, et être confronté au refus d’enquêter du parquet », a déclaré Michel Tubiana, avocat et président d’honneur de la LDH.

Des informations parues dans la presse en 2013 avaient révélé que les services de renseignement  français auraient procédé à une collecte massive de données, et ce en dehors de tout cadre légal.

La plainte de la FIDH et de la LDH, déposée le 26 décembre            2014, dénonçait l’accès frauduleux à un système informatisé, la collecte de données à caractère personnel par un moyen frauduleux, l’atteinte volontaire à la vie privée et l’utilisation et la conservation d’enregistrements et de documents obtenus par l’atteinte à la vie privée.

La FIDH et la LDH ont également engagé des actions judiciaires en France visant la NSA et le FBI et leurs pratiques de surveillance via le programme PRISM. Nos organisations ont déposé une plainte simple en juillet 2013, puis, face à l'inaction du parquet de Paris, une plainte avec constitution de partie civile en avril 2015, visant à faire la lumière sur ces pratiques portant atteinte aux libertés individuelles.