mercredi 13 novembre 2013

Rapport moral 2013

LDH section de Rennes

Rapport moral 2013


La lecture du rapport d’activité vous aura certainement permis d’apprécier toute la richesse, la diversité, et la difficulté des actions de cette année 2013.

Au lendemain des élections de 2012, nous avions espéré nous reposer un peu et pouvoir nous consacrer davantage à certains thèmes, tels que le monde du travail, la lutte contre les discriminations, dont les discriminations sociales, l’économie solidaire, les dossiers internationaux, le devoir de mémoire..

Notre désillusion fut forte et nous dûmes poursuivre les combats précédemment engagés. Tout était-il donc comme avant cet espéré « virage à gauche » ? Non….. Ce fut, c’est, peut-être … pire.

Les Obligations à Quitter le Territoire se sont multipliées, malgré les espoirs suscités par la circulaire qui aurait pu permettre des régularisations, les centres de rétention ne désemplissent pas, on y enferme même parfois encore des enfants. Les migrants restent presque toujours accueillis dans des conditions indignes. Des familles errent de logements précaires en logement temporaires malgré tous les efforts de militants fortement engagés sur le terrain.
Le monde du travail est sinistré, délocalisations, fermetures d’usine, licenciements… La crise a le dos large.
Précarisations du logement, de la santé, fragilisations, désespoir, colères, révoltes.

Comme le chante Charlélie Couture
« …
Tant de richesses accumulées
Tant d’opinions manipulées,
Tant de charges à supporter
Abondance à outrance
Trop de tout d’un côté
Trop de rien de l’autre côté… »

Or, nous pouvons difficilement compter sur l’appui de nos alliés d’avant, je veux parler des élus socialistes, qui ne peuvent se désolidariser de l’action gouvernementale, mais nous devons éviter malgré tout de participer à l’effondrement de cette gauche que nous avons choisie au risque de faire le jeu des extrêmes.

Dans ce tableau sombre, quelques lueurs, quelques avancées, que nous devons en très grande part à notre courageuse ministre de la Justice, madame Taubira. Je pense à la loi permettant le mariage pour tous, au projet de loi relatif à la prévention de la récidive et à l'individualisation des peines. Quelques avancées également dans le domaine de l’Éducation avec la loi sur la refondation de l’École, la réflexion sur le contenu de l’enseignement, la formation des enseignants, un meilleur taux d’encadrement des élèves.
Notre gouvernement actuel sait aussi montrer son attachement à l’un des fondements de notre République, la laïcité.
Dans ce contexte confus, quelles perspectives ? Devons-nous jouer les funambules ?

Je pense qu’en période de crise, de doute, il faut revenir à nos fondamentaux et relire nos statuts, nos missions, nos méthodes d’actions.

ARTICLE 1
Il est constitué une association française destinée à défendre les principes énoncés dans les Déclarations des droits de l’Homme de 1789 et de 1793, la Déclaration universelle de 1948 et la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et ses protocoles additionnels.
Elle œuvre à l’application des conventions et des pactes internationaux et régionaux en matière de droit d’asile, de droit civil, politique, économique, social et culturel.
Elle combat l’injustice, l’illégalité, l’arbitraire, l’intolérance, toute forme de racisme et de discrimination fondée sur le sexe, l’orientation sexuelle, les mœurs, l’état de santé ou le handicap, les opinions politiques, philosophiques et religieuses, la nationalité, et plus généralement toute atteinte au principe fondamental d’égalité entre les êtres humains, toutes les violences et toutes les mutilations sexuelles, toutes les tortures, tous les crimes de guerre, tous les génocides, et tout crime contre l’humanité.
Elle lutte en faveur du respect des libertés individuelles en matière de traitement des données informatisées, et contre toute atteinte à la dignité, à l’intégrité et à la liberté du genre humain pouvant notamment résulter de l’usage de techniques médicales ou biologiques.
Elle concourt au fonctionnement de la démocratie et agit en faveur de la laïcité.
(…) »

Nous sommes une association civique, laïque, politique et donc généraliste qui entend lutter contre l’ensemble des atteintes aux droits de l’individu dans tous les domaines de la vie civique, politique et sociale, d’où là diversité et la complexité de nos champs de compétence. De plus nous voulons promouvoir la citoyenneté politique et sociale de tous et garantir l’exercice entier de la démocratie. Nous considérons que la défense des libertés politiques et celle des droits économiques et sociaux sont inséparables

Nous sommes sur tous les fronts défense des droits sociaux, respect de la vie privée, lutte contre les discriminations, le racisme et l’antisémitisme, défense des libertés publiques.

« LDH maintient, autant que cela est possible, un dialogue permanent avec les pouvoirs publics. Ceux-ci ne sont jamais des « ennemis » a priori. Elle se donne le droit de contrôler l’activité des structures de l’État lorsque la défense des droits est en cause : elle exerce un droit de critique et fait connaître ses critiques à l’opinion publique.
La Ligue des droits de l’Homme, enfin, propose les changements ou évolutions qui lui paraissent nécessaires. Elle sensibilise les pouvoirs publics et l’opinion publique à ces sujets ».

Nous avons là, notre ligne de conduite, notre légitimité à dénoncer, à agir, à proposer.
Lors de la journée de formation du 19 octobre dernier, notre président nous a exhorté à sortir de la sidération, il nous a demandé de verbaliser, d’échanger, de réfléchir afin de nous donner confiance.

« Nous devons être présents dans les débats publics lors des élections municipales et européennes, afin de faire connaître nos propositions  pour nous adresser aux forces démocratiques pour permettre à notre pays de résister aux idées d’extrême droite » - Pierre Tartakowsky.

Voilà donc un ordre de mission et d’action. Rassemblons-nous, échangeons, proposons, faisons avancer les idées républicaines, laïques, démocratiques pour le respect des droits de l’Homme. Faisons nôtres, les grandes campagnes de la Ligue des Droits de l’Homme  en nous appuyant sur les 35 propositions du pacte pour les droits et la citoyenneté, soutenons les campagnes pour l’inscription sur les listes électorales, sans oublier notre devoir de mémoire, je pense, au lendemain de la commémoration du 11 novembre, à la réhabilitation des fusillés pour l’exemple.

Plus que jamais nous avons besoin de la présence de chacun. Nous devons améliorer la promotion de nos idées afin de susciter de nouvelles vocations militantes.

Gardons espoir dans l’adversité en songeant à la volonté et au courage de celles et de ceux qui nous ont précédés. Le 10 janvier prochain, nous allons commémorer le 70ème anniversaire de l’assassinat de Victor et d’Ilona Basch. Que l’engagement de nos aînés nous serve de modèle !

Je dédie ce rapport moral et nos actions futures à notre ami Yves Quéau, à madame Simone Alizon et à Clara Kasekera Mokango, jeune femme mariée à un réfugié angolais et renvoyée en RDC, en grève de la faim, après 45 jours de rétention sans autre forme de procès.


Annie Clénet

Novembre 2013