jeudi 18 décembre 2014

Montée de la violence à l’égard des femmes en Égypte



Alors que le tribunal correctionnel de Mansourah en Égypte tient sa première audience pour l’appel introduit dans l’affaire Soheir Mohammed Ibrahim, une jeune fille de treize ans décédée en raison de mutilations sexuelles féminines (MSF), le REMDH examine le cadre législatif, politique et de protection en matière de violence contre les femmes (y compris les MSF) en Égypte. 
Ce rapport révèle que la législation égyptienne en vigueur ne permet pas de lutter contre les viols et les agressions sexuelles fondées sur le genre, dont le nombre a considérablement augmenté depuis la chute du régime de Moubarak en janvier 2011. Les récents amendements apportés au Code pénal concernant le harcèlement sexuel demeurent insuffisants, dans la mesure où le Code ne considère ces actes comme criminels que lorsqu’il est prouvé que l’intention de l’auteur des faits est d’obtenir des faveurs sexuelles. La violence domestique est largement tolérée et aucun effort n’a été consenti par le gouvernement pour combattre ce fléau. Bien que les MSF aient été officiellement qualifiées d’actes criminels en 2008, l’argument de la « nécessité médicale » peut toujours être utilisé pour contourner la loi. En Égypte, entre 90 et 95 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont déjà subi des MSF.
Malgré l’adoption par le Conseil national de la femme d’une stratégie nationale de lutte contre la violence en juin 2014, la société civile n’a pas été consultée et ses recommandations n’ont pas été prises en compte. Pire encore, les auteurs d’actes de violence à l’égard des femmes continuent d’agir en toute impunité, car ces affaires sont bien souvent freinées par la police ou le procureur général. Le gouvernement continue de nier les actes de violence à l’égard des femmes commis par des agents de l’État, malgré les éléments réunis par la société civile.    
En conséquence, le REMDH exhorte le gouvernement égyptien à :
·         Réformer le Code pénal, afin de sanctionner toutes les formes de violence à l’égard des femmes et garantir son application de sorte à garantir l’accès des femmes à la justice ;
·         Adopter une stratégie nationale globale de lutte contre la violence à l’égard des femmes, ainsi qu’une législation assortie de dispositions en matière de mise en oeuvre, d’évaluation et de suivi ;
·         Enquêter sur les actes de violence sexuelle commis contre des femmes depuis novembre 2012 et renvoyer les coupables devant la justice.

Lire le rapport ici.