lundi 20 mars 2017

L'HUMANITAIRE FELIX CROFT NE DOIT PAS ETRE CONDAMNE PAR LA JUSTICE ITALIENNE


Le 19 mars 2017
Communiqué du comité régional LDH PACA 

Le jeudi 16 mars 2017, le procureur du tribunal d'Impéria, en Italie, a requis 40 mois de prison et 50 000 euros d'amende contre Félix Croft, le bénévole humanitaire azuréen, pour avoir transporté le 22 juillet 2016 une famille soudanaise.
Une peine pour le moins sévère, au regard des faits. La comparaison avec Cédric Herrou s'imposait, et la défense n'a pas manqué de souligner la disproportion des sanctions requises : alors même que le Tribunal de première instance de Nice n'avait pas retenu la clause humanitaire, Cédric Herrou a été condamné à 3000 euros d'amende avec sursis pour avoir favorisé l'entrée sur le territoire français d'environ 200 migrants privés de documents, uniquement au motif qu'il n'avait pas pu fournir la preuve des risques encourus par les individus aidés.

Or, dans le cas de Félix Croft, on ne peut qu'être frappé par l'évidence de la dangerosité de la situation des personnes aidées. Une famille de Soudanais ayant fui l'un des conflits les plus sanguinaires du siècle en Afrique (300.000 morts depuis 2003), une femme enceinte et un enfant brûlé sur tout le flanc droit, hébergée temporairement par une association italienne. A la fin de son hébergement, cette famille allait se trouver dans la même situation que les centaines de réfugiés qui vivent dans la rue à Vintimille, avec l’angoisse de surcroît de se voir reconduite au Soudan par l'Italie dans le cadre des accords secrets entre ces deux états, dénoncés par la presse, et déjà appliqués dans d'autres cas. Ainsi contraints, la plupart tentent le franchissement de la frontière par des moyens extrêmement dangereux comme en attestent les 8 drames qui ont eu lieu sur les voies d'autoroute et ferroviaires depuis 2016.
Tous les membres de cette famille se trouvaient être de fait des réfugiés, et avaient donc pour cette raison un droit de résidence et d'entrée sur le territoire français, comme l'a argumenté l'avocate de Félix Croft. L'accusé ne faisait alors rien d'autre qu'aider cette famille à bénéficier des conditions d'accueil nécessaires répondant à sa situation.
Contrainte par la politique globale des Etats européens, l'Italie se trouve submergée par l'afflux des personnes déplacées provenant des zones de conflit sur la planète. N'ayant pas les moyens logistiques de faire ce travail de police pour l'Europe entière, il est évident que les conditions d'accueil ne peuvent être qu'alarmantes, comme les ONG, Médecins sans frontière et Amnesty International le constatent. 10.000 demandeurs d'asile sous protection internationale sont contraints d'y vivre en dehors du système d'accueil, dans des conditions d'extrême précarité et de marginalité.
En agissant comme il l'a fait, Félix Croft se trouvait dans les cas décrits par la législation européenne qui stipule que les personnes aidant des réfugiés à entrer ou passer par le territoire d'un pays membre ne subiront aucune sanction si elles agissent pour des motifs humanitaires.
L'énormité des peines requises est scandaleuse !
Nous alertons les citoyens sur la politique migratoire européenne qui condamne des humanitaires palliant les carences d'accueil des réfugiés dans les pays membres, alors que nombre d'États, dont la France, enfreignent systématiquement les droits des personnes qui arrivent sur leur territoire.
Nous lançons un appel à la solidarité avec Félix Croft. Félix Croft ne doit pas être condamné.